Enquête publique
L’enquête publique concernant le projet de rocade nord du Conseil Général de l’Isère aura lieu cet automne. Détails techniques du projet, étude d’impact, on devrait en savoir plus. Dans cette fiche de rentrée, AVEC livre à la réflexion de chacun quelques éléments du dossier, issus des documents provisoires, en attendant le dossier final. Au stade de l’enquête publique, rien n’est encore décidé.
Les objectifs annoncés Diminuer le trafic interne à l’agglomération ; diminuer les impacts du trafic automobile sur la pollution de l’air et en matière de bruit ; fluidifier le trafic globalement ; favoriser le développement urbain harmonieux des communes traversées ; favoriser le développement des transports collectifs dans le cœur de l’agglomération ; favoriser l’implantation de nouvelles lignes de tramway périurbaines. Voilà ce qui est annoncé.
Le projet du Conseil Général Une tranchée couverte, qui débute sous l’autoroute A41 au niveau de l’allée des Centaurées à Meylan, qui se poursuit sous la RD1090, puis bi-furque au nord au niveau des pépinières Gauthier. A partir de là, tranchée ouverte jusqu’à l’Isère qu’elle rejoint au chemin Fortuné Ferrini. Ensuite tranchée couverte le long de l’Isère jusqu’au pied de l’immeuble du Mont Rachais. Tranchée couverte toujours le long de cet immeuble et début du tunnel proprement dit sous la Bastille, jusqu’à St Martin le Vinoux. Franchissement de l’Isère en viaduc, puis traversée de polygone scientifique en viaduc jusqu’à l’autoroute A480.
Concession à des entreprises privées pour la construction et l’exploitation.
En particulier à La Tronche Tranchée sous le niveau de la nappe phréatique ; ouvrages spéciaux pour l’intersection avec les cours d’eau sou-terrains du Charmeyran et de la Chan-tourne ; échangeur à l’intersection avec l’avenue des Grand-Sablons ; sortie de l’air pollué des parties couvertes à chaque extrémité de la tran-chée ouverte ; destruction de l’immeuble de la Rotonde et d’un cer-tain nombre de maisons sur les pentes du Rachais, chemin Fortuné Ferrini et avenue du Grand Sablon.
La phase des travaux Bruits, poussières, vibrations, risques d’éboulements, noria de camions, à proximité des habitations et de l’hôpital. Destruction des berges de l’Isère. Le dossier recense tous ces problèmes et indique les mesures qui seront prises.
Le projet sera entièrement concédé, avec un contrat de concession décrivant les contraintes imposées. Mais comment imaginer qu’elles seront respectées, quand le concessionnaire sera pressé d’aller vite, pour rentabiliser son investissement ?
Le travail de nuit est interdit de 7h à 20h, sauf dérogation préfectorale. Les récents travaux du CHU boulevard de la Chantourne ont montré ce qu’il en est du respect de cette interdiction, et que les riverains pèsent de peu de poids.
La remarque vaut aussi pour la volonté, exprimée dans le dossier, d’adapter le calendrier des travaux à la biologie des espèces remarquables. Ainsi les castors ne doivent pas être dérangés de janvier à mars. Au printemps et à l’automne ce sont les hautes eaux de l’Isère qui perturberont les travaux.
Comment croire que les impératifs fi-nanciers ne primeront pas, face aux riverains, ou aux espèces à protéger ?
L’échangeur Michallon Le projet prévoit la desserte de l’hôpital par un échangeur situé à l’intersection de la rocade et de l’avenue des Grands Sablons. Le schéma ci-dessous indiquerait que piétons et cyclistes ne pourraient plus prendre l’avenue des Grands Sablons pour aller à Grenoble, le secteur deve-nant un gigantesque rond-point dédié aux automobiles. Les cyclistes sont pourtant très nombreux. Où devront-ils passer pour aller vers Grenoble ? Ceci est en contradiction avec les promesses faites de rétablir toutes les communications antérieures à la rocade.
Plan marguerite et RD1090 La rocade s’intègre dans le Plan de Déplacement Urbain qui prévoit la mise en œuvre du plan dit marguerite qui imposerait, pour traverser Grenoble, de prendre rocade sud ou rocade nord. Ainsi les habitants de l’est de Grenoble viendraient prendre la rocade à l’échangeur Michallon pour aller à la gare. On ne peut donc pas affirmer que le trafic de la RD1090 sera réduit. Par ailleurs, si le plan marguerite n’est pas mis en œuvre, les véhicules éviteront le péage et continueront à traverser Grenoble en y entrant par la RD1090.
Dans les deux cas, la circulation sur la RD1090 restera dense. Est-ce compatible avec le boulevard urbain annoncé ?
Le trafic à La Tronche Si l’on se tourne maintenant de l’autre côté de l’échangeur, il faut s’interroger sur la manière dont les habitants de Corenc, de Meylan, de La Tronche viendraient prendre la rocade à l’échangeur Michallon. La rue Doyen Gosse, la rue du Vercors semblent des itinéraires tout désignés, ce que semble confirmer l’étude d’impact sur l’évolution du bruit.
En noir la rocade ; en vert les voies avec baisse du bruit. En rose la rue du Vercors et le début de l’avenue du Grand Sablon avec une augmentation du bruit. Le stationnement L’hôpital sera plus accessible par les automobiles, annonce le projet. Certes mais ce n’est pas le tout d’être acces-sible, encore faut-il pouvoir se garer. Rien dans le projet ne donne d’indications à ce sujet. Partout des efforts fructueux sont faits à travers les Plans de Déplacement d’Entreprise pour inciter les salariés à abandonner leur véhicule personnel. La rocade se-rait un désastreux message : « en voiture ce sera tellement plus rapide ». Sur la presqu’île scientifique, le nombre de places de parking diminue; l’hôpital ne veut pas en créer davantage.
Le commerce de proximité « La rocade, dit le dossier, permettra d’accéder plus facilement au pôle commercial de Meylan, qui développe un projet d’extension ». Ceci est en contradiction avec le Plan de Déplacement Urbain, qui préconise un arrêt de la croissance du nombre de places de stationnement. Encore un mauvais coup pour le commerce de proximité.
Une vitrine « La rocade aura un effet de vitrine indéniable ». Quelle vitrine ? A l’heure de la contribution climat énergie, du bilan carbone, les urbanistes à la recherche d’innovations iront chercher ailleurs.
Le vélo ce n’est pas que pour la promenade Dans le dossier provisoire, les déplacements cyclistes ou pédestres sont classés dans la rubrique : tourisme et loisir. Comment s’étonner alors que les modes doux progressent si peu ? Ainsi une « liaison cyclable douce et directe » est prévue entre les deux campus. La carte ci-dessous montre que cette liaison suivra tous les méandres de l’Isère. Quel cycliste, pour un déplacement professionnel, suivra cet itinéraire qui lui doublerait son temps de parcours ? Alors même que le centre de Grenoble serait censé être libéré des voitures…
Le Conseil Général a mis dans ses priorités d’actions : « penser les dé-placements autrement » : on constate qu’il n’en est rien.
Le coût Quel coût, maintenant que les études techniques se précisent ? Quel coût, à l’heure de la crise économique et financière ? Quels surcoûts liés au passage dans la nappe phréatique, aux sources inconnues qui descendent du Rachais, à l’impossibilité du travail de nuit, aux temps des amours du castor ? Pas de réponse à ce sujet, dans le dossier provisoire.
Enfin il faut aussi rappeler que la rocade nord ne réduira pas les bouchons en amont de l’agglomération, ceux qui se forment venant de Crolles et de Voreppe. Le défi est de résorber ces bouchons sans provoquer un nouvel afflux de véhicules. Des pistes existent : transports en commun, régula-tion des vitesses, équilibre territorial des activités et des habitations…